samedi 3 mars 2012

Elections présidentielles françaises : Les banlieues vont-elles voter à gauche ?





Les banlieues françaises comptent aujourd’hui 8 millions d'habitants, soit 12% de la population de l’hexagone. Des chiffres importants qui peuvent changer la donne d’une élection présidentielle… si seulement une partie de ces habitants se rendaient aux urnes pour voter. Car ni la gauche, ni la droite, n’ont réussi à répondre aux attentes des habitants de la banlieue.


L’étau se resserre en France à deux mois des élections présidentielles. Les regards des médias et des spécialistes en politique se tournent actuellement vers les banlieues pour tenter de savoir si leurs habitants vont être ceux qui vont pouvoir peser sur les résultats finaux. Vont-ils voter à gauche, à droite ou ne pas voter ?. Certains candidats n'hésitent pas à sortir le grand jeu pour séduire cet électorat.


Les Maghrébins votent PS
« Les habitants de banlieue ont longtemps été encadrés politiquement et socialement par le PC ou le PS. Ils ont majoritairement voté Ségolène Royal à la présidentielle de 2007 », explique Jérémy Robine, chercheur à Paris-VIII et auteur de l’ouvrage Les ghettos de la nation à l’AFP. « Chez les descendants d’immigrés africains ou maghrébins, le taux s’est même élevé à 80% », précise de son côté Vincent Tiberj, spécialiste du vote des banlieues. Cependant, cette année les choses pourraient être différentes et François Hollande, le candidat du parti socialiste à la présidentielle pourrait ne pas récolter autant de voix que son ex-compagne.

Histoire d’une rupture
La grande raison à cela est tout simplement que les habitants des quartiers populaires en ont assez des belles promesses électorales qui ne sont jamais concrétisées. Dans un rapport publié par le think tank Terra Nova, il y a un an intitulé « Gauche, quelle majorité électorale pour 2012, les auteurs du document évoquent une rupture entre les habitants des banlieues et la gauche. Une rupture qui avait, non pas commencé après les élections présidentielles de 2007, mais bien avant, à la fin des années 70. Il ne s’agissait dès lors que d’une rupture dite « culturelle ». La gauche, parti favori de la classe ouvrière jusqu’alors, a été très vite perçue auprès de cette classe, comme un parti oubliant les valeurs familiales, qui encourageait les libertés sexuelles, l’avortement ou la contraception.

Cette rupture se fera sentir encore plus lourdement dès 1981 avec la prise de pouvoir de François Mitterrand qui va « obliger la gauche à un réalisme qui déçoit les attentes du monde ouvrier. Du tournant de la rigueur en 1983 jusqu’à « l’Etat ne peut pas tout » de Lionel Jospin en 2001, le politique apparaît impuissant à répondre à ses aspirations. », explique le rapport. Une impuissance qui va mener la classe ouvrière à basculer vers la droite ou l’extrême droite.

Racaille
Cependant alors que la gauche perdait du terrain dans les banlieues, la droite, quant à elle n’a pas réussi à profiter de cette brèche pour s’y s’imposer. Bien au contraire, elle s’est mise à dos les banlieues surtout avec Nicolas Sarkozy au poste de ministre de l’intérieur. Ce dernier n’hésitera pas à qualifié devant les caméras de télévisions les gens d’Argenteuil (Val d’Oise) de racaille en 2005. Puis, lorsqu’il devient président de la République en 2007, au lieu de lever le pied, il n’hésite pas à axer son discours présidentiel sur la lutte contre l'immigration et la défense de l'identité nationale, un discours qui sera encore une fois mal accueilli dans les banlieues. "Ce qui détermine le vote, c'est avant tout les discriminations raciales. Et sur ce terrain, c'est la gauche qui est en pointe", lance Vincent Tiberj.

Certains membres de la droite française l’ont bien compris, notamment Dominique de Villepin, avec son parti République Solidaire. D’ailleurs, de Villepin n’a pas manqué de faire une démarche symbolique en retournant à Argenteuil le 3 février dernier, au même endroit où Sarkozy avait promis de « débarrasser » le quartier des « racailles » pour tenter de regagner la confiance des habitants des quartiers populaires. Néanmoins, si l’on observe les derniers sondages, de Villepin est loin d’être le candidat favori actuellement. D’après un récent sondage IFOP-Fiducial paru ce mardi, il ne recueille que 2% d’intention de vote, contre 30% pour François Hollande, 25% pour Nicolas Sarkozy, 17.5% pour Marine Le Pen, 12.5% pour François Bayrou et 8.5% pour Jean-Luc Mélenchon.

Abstention
Face à cette gauche qui n’a pas réussi à répondre aux attentes des 8 millions d’habitants des banlieues et à une droite qui ne fait que stigmatiser les habitants d’origine immigrée, ces derniers se lassent de la politique et le font savoir en s’abstenant. « Au final, c’est l’abstention qui progresse ».

Source: Yabiladi

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